Le lien est évident entre les deux incidents. Depuis, tout le Nord malien vit sous tension depuis Goundam, proche de la Mauritanie, en passant par Tombouctou, Gao, Kidal, et jusqu’à Ménaka, au Sud, près du Niger. Pourtant un accord de paix est annoncé dans quelques semaines à Alger.
Ménaka est sous le contrôle du CMA depuis mai 2014, comme le gros de cette zone du Sahara qui va de Kidal, au Nord, pas loin de la frontière algérienne, jusqu’aux frontières avec le Niger, où se trouve Ménaka. La MINUSMA y est par ailleurs présente.
La ville a été reprise lundi 27 Avril par le Groupe d’autodéfense Touareg Imghad GATIA et ses alliés, proche de Bamako, après de brefs échanges de tirs. La population y a organisé le lendemain une manifestation « réclamant le retour de l’armée malienne ». Une pétition portant cette requête, a été remise aux forces de la MINUSMA.
« Nous avons marre de la guerre et nous espérons un retour rapide à la normale », s’écrie un jeune de 21 ans, qui dit avoir combattu avec trois milices différentes pendant cette dernière guerre, avant de fuir. « La guerre, c’est atroce ! », dit-il au bord des larmes. Il raconte comment il l’a échappé belle lorsqu’un obus s’est abattu sur leur position. « Quatre de mes amis sont morts alors que j’allais leur chercher de l’eau », raconte-t-il l’air hagard.
Le lendemain de cette attaque, la CMA a publié un communiqué annonçant que les groupes Azawad vont recourir aux armes pour se défendre. L’attaque de Goundam est survenue un jour après cette déclaration. Des individus armés ont abattu le chef de la garde nationale de la localité ainsi qu’un soldat et un enfant. Le même jour, deux véhicules de la MINUSMA ont été attaqués à proximité de Tombouktou.
Ce regain de tension pèse sur les tractations de paix au Mali. Mongi Hamdi, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali a appelé au cessez-le feu et au retour de chaque partie à ses positions antérieures. Le communiqué publié à cette occasion insiste sur le fait que « cette remontée des périls met en difficulté les efforts de restauration de paix ».
De leurs côtés, gouvernement malien et groupes armées se renvoient la balle. Bamako rappelle à toutes les parties la déclaration de cessation des hostilités signée le 24 juillet 2014 et reconduite le 19 février 2015. Le Secrétaire général du Gatia, proche de Bamako, Haballa Ag Amzatal, assure que ses troupes ont été provoquées et qu’elles n’ont fait que se défendre.
Pour sa part, la CMA condamne dans un communiqué les violations innombrables du cessez-le feu et dit « ne plus pouvoir se résoudre à subir indéfiniment les attaques et les agressions dictées par Bamako sans réagir ». La CMA exhorte la médiation algérienne et la communauté internationale à « condamner de tels agissements et à prendre leurs responsabilités ».
Le communiqué insiste sur le fait que « La gravité de l’agression est d’autant plus inacceptable qu’elle intervient au lendemain d’un engagement définitif de la CMA à parapher l’accord dans les plus brefs délais ». Lequel engagement a été transmis au chef de la MINUSMA et représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU.
La CMA déplore par ailleurs que « les violations du cessez-le-feu par le gouvernement malien sont flagrantes et récurrentes sans que cela ne soit dénoncé ou suffisamment souligné par la communauté internationale et la Minusma, pourtant si prompts à faire pression tous azimuts sur la CMA pour parapher l’accord d’Alger ».
A quelques semaines de l’accord d’Alger, tant attendu par la communauté internationale, chaque partie semble essayer de renforcer sa position sur le terrain.